10 ans après la création de la manifestation lausannoise, et malgré la météo capricieuse, les nombreux courts et longs-métrages présentés intéressent toujours autant le public. Même si parfois, les jeunes spectateurs-trices pourraient ne pas comprendre le sens de chaque histoire.
Je l’avoue, j’ai découvert le sens et la programmation du « Festival Cinéma Jeune Public » pour la toute 1re fois cette année. Relativement indisponible, j’eus quand même la possibilité de visionner 3 œuvres cinématographiques éclectiques, dont mon coup de cœur ressenti « Te Maunga ».
« Renard et Lapine sauvent la forêt » : Peu après la finalité du tout nouveau et incroyable projet de Castor, Hibou disparaît mystérieusement. Les habitants de la forêt, comme Lapine et Renard, ont à peine le temps de la constater, que l’eau envahit gentiment mais sûrement leurs habitations. En outre, le bilan est amer car la source remonte à… Un lac inexistant jusqu’alors et l’inondation reste imminente. L’enquête commence donc pour les 2 amis, surtout après avoir vu l’étrangeté fabriquée par Castor. Néanmoins, rien ne sera simple et même leur camaraderie pourrait être éprouvée…
Réalisé par Mascha Halberstad, dont il s’agit du second long-métrage animé, « Renard et Lapine sauvent la forêt » se base sur la série de livres pour enfants écris par la Flamande Sylvia Vanden Heede depuis 1985. Bien sûr, leurs mésaventures changent à chaque livre et l’histoire de l’inondation n’en demeure qu’une partie.
Présenté à la 74e édition des « Berlinales » en 2024, le récit s’adresse avant tout au plus jeune et à leur parent. Relativement facile à comprendre, l’intrigue reste aussi assez intelligente, pertinente et bien scénarisée. Quant aux graphismes, ils donnent l’impression d’être respectés par rapport aux ouvrages de l’écrivaine.
Certes, les personnages n’ont pas la qualité des grands studios américains. Mais aucune comparaison ne doit se faire car l’envergure et la manière de travailler diffèrent totalement. Même si certains faux raccords font parties de la trame, ils se remarquent uniquement par les spectateurs-trices les plus aguerri-e-s.
Au niveau du « Festival Cinéma Jeune Public », les organisatrices-teurs ont eu raison de présenter l’animation à la Cérémonie d’Ouverture, permettant ainsi de découvrir une animation et des personnages plutôt méconnus en Suisse.
Finalement, « Renard et Lapine sauvent la forêt » divertit et amuse parfois. Il s’adresse également aux grands enfants et plaira aux bambins pour sa légèreté, ses dialogues faciles et sa musique plutôt entraînante.
« Girls Will Be Girls » : Dans les années 1990, au cœur de l’Himalaya en Inde, au sein d’un internat d’étudiant-e-s où les jeunes hommes et femmes se mêlent, la jeune Mira a été annoncée comme Préfète en Cheffe. Douée scolairement, elle s’avère être la fierté de la Direction de l’établissement et ses parents, plus spécifiquement sa mère. Mais tout changera lorsque la jeune femme rencontrera Sri. De ses notes à l’acceptation de sa sexualité en passant par le jeu dangereux joué avec sa maman, son quotidien deviendra cauchemardesque. Confiante généralement, Mira se sentira mal à l’aise, trahie et ignorée. D’autres sentiments naîtront et elle devra les comprendre et accepter. L’adolescence n’est jamais simple…
Distribué au sein de nombreux festivals de films, celui de « Sundance » en passant par « Cannes » et le « Festival Cinéma Jeune Public » à Lausanne, la toute 1re réalisation de l’Indienne Shuchi Talati relate une partie de son passé au travers de cette fiction.
Si les idées scénaristiques demeurent intéressantes, choisies intuitivement ou suite à des réflexions, le rythme du long-métrage s’avère long et lent. L’intrigue n’est pas assez palpitante et embrouillée. Surtout à cause des véritables intentions des personnages, qui contiennent parfois trop de mystères.
Certes, ce film d’auteure se démarque des millions de grosses productions de l’Inde à de nombreux degrés et thématiques, trop souvent taboues là-bas. Notamment au niveau de la sexualité et sensualité du trio. Ou encore par rapport au harcèlement scolaire, la manipulation et trahisons des femmes et des hommes.
Toutefois, « Girls Will Be Girls » ne plaira pas à un large public pour son côté tragique et complexe. Et malheureusement, encore moins aux jeunes spectateurs-trices fréquentant la manifestation lausannoise. Car cette fiction ne semble pas vraiment correspondre à la tranche d’âge ciblée dudit festival.
Dans tous les cas, ce film basé sur de tristes souvenirs réels, interpelle et il est à espérer que certaines traditions indiennes cessent grâce aux revendications des nouvelles générations de femmes. Egalement qu’elles obtiennent et conservent davantage de libertés, sans abolir d’autres traditions nécessaires audit pays.
« The Mountain » : Hospitalisée depuis un certain temps déjà, la jeune Alex, Maori et Néo-Zélandaise occidentale, ressent un profond désir : rejoindre la montagne Taranaki à pied afin de concrétiser la puissante connexion qu’elle ressent avec elle. Peu de temps après sa fuite, rudement menée, elle fera la rencontre de Mallory, puis Branco. 2 adolescents ayant eux également, une vie assez compliquée et tragique. A contrecœur donc, la triade devra faire équipe et surtout, se faire davantage confiance. Mais la magie de leur périple opérera, grâce notamment à leur tempérament et bravoure. Une fois arrivée en bordure de la cime, leurs mésaventures prendront une autre dimension et ils auront l’impératif de choisir d’abandonner des principes, ou poursuivre leur but qui se terminera d’une manière imprévue…
« Te Maunga » ou « La Montagne » en français, demeure une excellente surprise. A tel point que ce long-métrage remporta le prix du « Jury » du festival suisse. Un succès mérité, car son originalité et efficacité bouleverse, fait rire et surprend tout au long de l’histoire.
La seconde réalisation de Rachel House (« Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire ») s’avère, en effet, réussie en tout point. De par sa trame liée aux Maoris, mais aussi par rapport aux magnifiques et incroyables lieux de tournages. En décors réels ou construits en studio.
Le renouement de ses racines et l’acceptation de problèmes graves apportent aussi une saveur différente et plus efficace. Le trio de comédiens-ienne, dirigé avec sensibilité par la cinéaste précitée, reste également admirable. Tous les 3 débutent dans le milieu du 7e Art, mais se surpassent jusqu’à la fin de la fiction.
Quant au scénario, remanié à quelques reprises entre Rachel House et Tom Furniss (« Evil Dead » 2013) notamment avec l’intelligent rajout de la culture et traditions maoris et l’importance du mont Taranaki, il captive dès les premières minutes.
L’humour, les sarcasmes et les rêves de gosses font également partie de l’intrigue et sont superbement développés, joués et filmés. La spiritualité maorie côtoie fréquemment la magie et rites ancestraux de cette tribu si longtemps maltraitée par les occidentaux-ales. Même le nom de la montagne Taranaki a une signification particulière.
Pour en revenir à la metteuse en scène et script Rachel House, si elle est peu connue du grand public, sa longue amitié avec le réalisateur Taika Waititi (« Jojo Rabbit ») lui permit de faire une carrière internationale comme actrice plutôt variée et riche. Même si elle joua davantage de seconds rôles, la plupart de ses choix se remarquèrent positivement et souvent de manière originale.
En définitive, « The Mountain » s’adresse à un large public, malgré sa surprenante fin. Relativement facile à comprendre, il est préférable cependant de le voir en version originale sous-titrée afin de mieux s’imprégner de la langue maorie.
Dommage cependant qu’aucune sortie en salle n’ait été prévue pour ce chef d’œuvre. Pertinent, divertissant et puissant, il faut espérer que sa réalisatrice poursuive sa lancée et finalise d’autres projets tout autant intéressants, sublimes et passionnants.