Se réveiller dans un hôtel inconnu où les barrières sont invisibles et les cauchemars bien réels. L’enfer de la répression personnifiée est là…
En France en 2039, des activistes anti-gouvernementaux sont envoyés dans une prison d’un nouveau genre. Pour la population et leurs proches, ils ont tout simplement disparus. Parmi eux Julia a un père qui est prêt à tout tenter pour la retrouver. Le hasard faisant bien les choses, une femme de ménage trouve sans le chercher le moyen de rentrer en contact avec la jeune femme.
De la science-fiction noire et loin de la machinerie hollywoodienne pour une fois, apporte la preuve que le cinéma de qualité n’a pas besoin de sortir d’un écrin de nacre pour briller. Ce film est époustouflant et passionnant par son engagement en tous points et son audace bienvenue. D’abord, c’est un message contre la soumission des masses humaines et les gouvernements toujours plus injustes et égoïstes. Que ce soit hier, aujourd’hui ou demain, le combat pour la liberté d’expression, de pensée et d’action est loin d’être terminé, hélas. A l’image des personnages et du scénario, nous flottons dans un quotidien régit par le contrôle de nos besoins et désirs, de notre capacité à obéir, un peu plus chaque jour. Le fantasme de cette histoire n’est pas si utopique. Combien d’activistes, de réfractaires ou encore simplement de personnes dérangeantes, ont disparues et disparaissent encore ? Une prison virtuelle est juste le niveau suivant de la méthode carcérale. Plus simple à gérer, moins coûteux et plus hygiénique, ce modèle a certainement dû déjà traverser l’esprit des plus virulents décideurs dans le contrôle et la dictature.
Une des particularités de ce film est que l’intrigue se passe en plusieurs langues entrelacées. Au départ ce qui peut paraître déstabilisant démontre un visage logique dans le court des événements. La réalisatrice soulève et traite plusieurs facettes de la solidarité. Solidarité de classe, féminine, de groupe de pensée, humaine et finalement altruiste. Ces solidarités vont se heurter aux différents états de la folie que procure une situation d’incompréhension, telles que la méfiance, l’égoïsme, la dissimulation, le mensonge ou l’affrontement physique. Planète B est une fresque des nombreuses défaillances humaines. J’espère qu’il y aura une suite, bien que je ne pense pas qu’un public suffisamment large apprécie à sa juste valeur ce long métrage incroyable, au demeurant. J’aimerai vraiment me tromper à ce sujet. N’hésitez pas une seconde à embarquer dans cette dystopie.
Réal. : Aude Léa Rapin
Acteurs : Adèle Exarchopoulos/Souheila Yacoub/Eliane Umuhire/India Hair/Paul Beaurepaire/Jonathan Couziné/Théo Cholbi/Léo Chalié
Distrib. : Le Pacte