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jeudi, décembre 26, 2024
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Lucas Bernard : « Le film commence par un typhon qui accélère son histoire et lance l’action »

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Durant la 20e édition du « Festival du Film Français d’Helvétie » à Bienne, avec notre partenaire « Baka News Network », nous eûmes l’occasion de rencontrer le cinéaste très impliqué, Lucas Bernard. Nous passâmes un bon moment et apprîmes quelle fut la scène la plus vite écrite.


Comment est née l’idée de votre nouveau film « A toute allure » ? Lucas Bernard : C’était une idée du producteur avec lequel je travaillais, Florian Mol, qui avait une envie de comédie romantique. J’ai toujours trouvé que c’était assez dur d’en faire, mais il avait cette idée d’une rencontre entre quelqu’un qui travaillerait dans les avions et quelqu’un qui travaillerait dans les sous-marins, avec une opposition entre les 2 univers. Et cela fut assez porteur.

Les actrices et acteurs sont constamment en mouvement dans l’histoire. Pourquoi ce choix ? Comme il y avait une rencontre qui était hautement improbable, à défaut de la rendre possible, il fallait la rendre crédible. Pour ce faire, il fallait un mouvement emportant Pio Marmaï à l’intérieur du sous-marin, tout en intégrant une impulsion sur la rapidité. Comme il fait quelque chose de profondément déraisonnable, la seule chose pouvant être acceptée avec cette folie, c’était la vitesse. Celle-ci a donc amorcé le film et est restée tout au long de l’histoire.

Quelle fut la partie la plus simple à écrire ? Le problème, c’est qu’on se souvient des choses compliquées, mais mal des choses simples car elles se font assez naturellement. C’est une question intéressante et c’est la séquence chez « Fred ». C’est-à-dire qu’un rebond va renvoyer Eye Haïdara sur la piste de Pio Marmaï. Ce, pendant une scène familiale, avec des préoccupations familiales comme : « Qui est-ce qui s’occupe des vacances, comment on s’organise ? ». Avec des enfants qui hurlent et rendent toute la scène absolument confuse, tout en l’accélérant. Le film commence par un typhon précipitant l’histoire et lançant l’action. Et tout naturellement une fois à terre, ce dernier viendra du côté des enfants. Ainsi, la vie de famille constitue un cyclone accélérateur, faisant repartir le film.

Comment se sont passés les repérages pour les lieux de tournage ? On s’est dit vite qu’on allait tourner en France. Comme le film se passe aux quatre coins de la planète, on fait vraiment le tour du monde. On commence à Tahiti et on est supposé être dans le désert à Djibouti et au Pôle Nord. On a rapidement pensé qu’on n’allait pas se lancer dans une production ambitieuse consistant à emmener l’équipe à l’autre bout du monde. On a donc tout tourné en France métropolitaine. L’idée était de trouver des solutions qui permettent de donner cette crédibilité de voyages, tout en restant dans l’Hexagone. La 1re solution qu’on a trouvée a fini par polariser tous les décors, ce fut de tourner dans une frégate démilitarisée à Nantes. A partir du moment où on savait qu’on allait être dans une frégate démilitarisée, grâce aux 2-3 étages sous l’eau, ça nous livrait 80 % du décor du sous-marin. En réalité, celle-ci était dans la Loire. Comme on était dans ce département, les décors et autres endroits ont suivi dans la région. Nos choix se sont finalement faits ainsi, assez prosaïquement.

2 métiers bien particuliers sont au cœur de votre histoire. Pourquoi ces choix ? 2 personnes qui s’aiment et ne peuvent pas être ensemble, c’est un drame. 2 personnes s’aiment et ne le savent pas, c’est une comédie romantique. De ce fait, ce genre cinématographique s’articule toujours autour d’une impossibilité. Il faut que quelque chose les sépare et que cela soit très fort. Ce qui était aussi intéressant narrativement, c’était les 2 profils très différents. Le steward vivant plutôt dans la légèreté, en faisant la fête ou organisant des soirées avec ses potes. Parallèlement, elle vit dans une ambiance plus rigoureuse dans l’armée. En même temps, ils sont habillés presque de la même façon, mais ont des modes de vie fondamentalement différents. Cela a donc a créé une zone de conflits et une connivence qui étaient efficaces pour la narration et le comique. Pour en revenir au sous-marin, la particularité fut son homogénéité afin de le crédibiliser. Sa construction se fit donc en plusieurs étapes afin que les décors construits en studio, soient identiques. Ainsi, le défi pour notre chef décoration, fut de trouver comment amener des ordinateurs, écrans et un peu de technologie numérique dans un décor assez analogique. Le tout de façon équilibrée, avec un petit point de pivot afin que l’ensemble paraisse indiscutable. Et pour parachever, on a effectué un travail sur les costumes pour que tous les sous-mariniers soient habillés avec des tenues impeccables. Elles n’ont rien de réaliste, mais je pense que cela n’était pas non plus le cas dans les années 80-90.

A quel point la fiction rejoint la réalité au niveau du machisme ? Pour avoir discuté avec des militaires, car on a vraiment eu le soutien de l’armée pour différentes séquences, a priori, il commence à y avoir des recrues féminines qui vont travailler dans les sous-marins. On devrait avoir des femmes en position de commandant ou commandant en second des sous-marins nucléaires dans 10 ans. On est un petit peu en avance…

Vers la fin de votre réalisation, des Inuits étaient présents et parlaient dans leur langue. Comment les avez-vous casté et que disaient-ils en réalité ? Les Inuits n’en sont pas en fait, ils sont Tibétains. Avec la Directrice du casting, on s’est retrouvé confronté à cette question. A savoir trouver des Inuits employant leur langage quotidiennement. Mais on ne les a pas trouvés. Dans le scénario, on avait situé une partie de l’histoire au niveau de la mer de Barents. On a donc décidé de situer ces séquences dans un lieu inconnu avec des gens qui parlent un langage qu’on ne comprend pas. Et on a pensé aux Tibétains car personne ne parle et reconnaît couramment leur langue. Elle fait vraiment partie des plus pointues, même pour les cynologues. Mais on est partis là-dessus et grosso modo, ce qu’ils disent est un secret (rires). Je peux quand même préciser qu’il s’agit de blagues par rapport à ce qu’il se passe. Ce n’est pas totalement dénué de sens et c’est assez drôle. Mais seuls les Tibétains en riront du coup.

La suite d’ « A toute allure » se passera à Bienne et vous incluez un Suisse-allemand. Quelle serait l’histoire ? Si c’est une suite, ça veut dire qu’ils sont en couple. Ce n’est pas facile … Comme elle est militaire et qu’on n’est pas sur le territoire français, elle ne peut pas être en Suisse en tant que militaire. On va considérer une alliance et que la Suisse a des sous-marins. C’est ça… Le gouvernement suisse décide d’en développer une flotte et ils ont besoin de spécialistes pour une mise en place avec la rencontre de cette spécialiste officier Française. On n’est pas très loin d’une problématique de comédie romantique. Si la Suisse décide de s’équiper d’une flotte de sous-marins, ce qu’elle n’a pas à ma connaissance, qu’elle demande à un Suisse-allemand de chapeauter sa création, il devra rencontrer une officier de sous-marin Française. Cela pourrait être marrant.

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