Un peu plus de 2 ans après la sortie du précédent film de Stéphane Ben Lahcene abordant le thème de la danse, sa continuité sur grand écran cible le chant cette fois-ci. Au travers d’un duo de comédiennes bien choisi, drôle, satirique, sans abuser des clichés et qui demeure efficace.
Une fois encore, l’opéra où joua Bénédicte s’avéra réussi grâce à ses collègues et à ses célèbres vocalises transcendant les spectateurs-trices. Mais démotivée par sa tournée à venir, elle va commettre une grave erreur qui changera son statut de célébrité. Elle le perdra d’ailleurs avant même de s’en rendre compte. Au fond du puis dans sa chambre d’hôtel, c’est en croisant Fatou que la main lui sera tendue. D’abord soulagée d’être épaulée, la cantatrice se retrouvera malgré elle, entraînée au sein des soirées de karaoké à cause de sa main tendue. Fatou désire beaucoup en effet, gagner le concours national français de karaoké. Alors entre la maîtrise vocale de l’égoïste Bénédicte et la ténacité de la trop bavarde Fatou, comment pourraient-elles s’unir et arriver à la finale au… Japon ?
Dès les premières minutes du long-métrage, les spectateurs-trices sont immergé-e-s par la musique et le chant au travers de la fin de la performance de la célèbre chanteuse d’opéra, « Bénédicte ». Un monde où la richesse et l’hypocrisie se croisent sans cesse.
Peu de temps après la descente rapide et improbable en enfer de la chanteuse, elle fera la connaissance de « Fatou » qui incarnera son opposé en tout point. Mais grâce à l’imagination et à l’envie du réalisateur et metteur en scène cité en chapeau, l’histoire de « Karaoké » prendra une tournure plus amusante encore.
L’intention de base de Stéphane Ben Lahcene (« Chacun chez soi »), fut de créer un long-métrage dont l’histoire d’un concours en serait au cœur. Le tout sous une forme de comédie très réussie et plutôt bien documentée. Car les tournois en question existent vraiment, même s’ils sont sous réserve depuis la Covid-19.
Devant les caméras, un tandem (d) étonnant qui n’hésite pas à se lancer des piques douteuses et osées. Ce, en évitant de trop s’alourdir au niveau des clichés assumés et surtout, en acceptant le principe du « buddy-movie ». Soit 2 personnages très souvent aux antipodes, néanmoins forcés de se connaître pour différentes raisons.
Au travers de « Karaoké », la disparité principale abordée demeure la pauvreté et la richesse. Au niveau financier, mais également au sens figuré. Car le savoir et vécu des 2 principales protagonistes, les opposent effectivement beaucoup.
Ainsi « Bénédicte », très bien jouée par Michèle Laroque (« Ténor »), est la chanteuse aristocrate starlette ayant de grandes connaissances dans la musique classique, les opéras ou les articles de luxe. Cependant, elle ne connaît ni les compositeurs-trices de la variété, ni les interprètes de ces 30 dernières années. Elle ne sait pas aussi, comment vivre normalement en dehors des hôtels.
Inversement, « Fatou » incarnée avec une belle dynamique par Claudia Tagbo (« On est fait pour s’entendre »), s’avère davantage débrouillarde, hardie, mais ne s’intéresse pas suffisamment aux environnements et aspects culturels variés l’entourant.
2 personnes donc contractées et de véritables bras cassés selon les domaines musicaux, mais qui s’allieront à la base pour leur propre cause. Au final, leur union leur permettront de montrer leurs vocalises au travers d’un concours assez audacieux et réellement difficile à pratiquer.
Si le duo fonctionne à merveille au travers des émotions que les comédiennes jouent, l’humour et les vacheries varient facilement et peuvent faire place aux tracas du quotidien, les lieux de tournage au Japon emmèneront les spectateurs-trices en un univers musical différent.
Car là-bas au Pays du Soleil Levant, le karaoké règne en maître depuis plusieurs décennies déjà. Des salles ultra-modernes se réservent chaque soir dans les grandes villes où les jeunes, décompressent des pressions sociales au travers de la vocalise. Pour s’amuser ou réussir jusqu’aux concours.
« Karaoké », mot venant du japonais kara (vide) et okesutora (orchestre vide), s’adresse finalement à un large public. Des passionné-e-s du chant (en compétition ou chorales) aux amateurs-trices des comédies du genre, la fiction est drôle, savoureuse, efficace et amène quelques belles réflexions sociétales.
Karaoké
FRA – 2024
Durée: 1h29 min
Comédie
Réalisateur: Stéphane Ben Lahcene
Avec: Michèle Laroque, Claudia Tagbo, David Mora, Sébastien Chassagne, Victoria Monfort
Frenetic
20.03.2024 au cinéma