Porté sur la sauvegarde de notre patrimoine et les conditions de détention à l’étranger, le troisième long-métrage d’Edouard Bergeron présente sans gêne, les dessous d’une affaire fictive aux répercussions économiques et diplomatiques.
Martin Landreau, étudiant français en anthropologie est engagé comme stagiaire médical par une ONG en Indonésie. Fraîchement débarqué sur l’île de Bornéo. Le jeune militant vendéen s’accommode rapidement aux usages locaux et s’attache à la nature environnante et aux membres des tribus dont il a la charge. Témoin d’une attaque de miliciens employés par l’entreprise Palmyre dans sa région et ayant filmé la scène de chaos, l’aventurier se trouve à son tour être la cible de ces mercenaires. Inquiet pour sa vie, mais convaincu que son enregistrement est un argument de taille pour la cause écologique qu’il défend, Martin décide de garder les preuves et de retourner au plus vite en France…
Le nouveau long-métrage d’Edouard Bergeron après Les Fils de la Terre (2012) et Au nom de la Terre (2019) reste dans la même thématique de fond, à savoir les problèmes liés à la protection de la nature.
Cette fois-ci, le cinéaste s’attaque au problème de l’huile de palme, dont nous avons tous entendu parler. En Indonésie des hectares de forêt tropicales sont rasées pour laisser place à une culture intensive de cet ingrédient indispensable de notre quotidien. La matière se trouve dans les produits cosmétiques, les articles de nettoyage, la nourriture et même le bio carburant.
Selon le réalisateur, produire cette huile à l’autre bout du monde s’avère un désastre écologique. Elle implique une déforestation massive, terrible pour l’écosystème local et mondial. Elle nécessite l’utilisation abusive d’engrais chimiques et de désherbants pour faire pousser les palmiers, sans oublier la quantité de fioul nécessaire au transport de l’huile par cargo. C’est aussi un désastre humain pour les peuples autochtones des forêts tropicales qui se retrouvent expropriés de leurs terres ancestrales. Mais l’huile de palme est une incroyable manne financière pour les industriels, aussi bien pour les pays producteurs que pour les importateurs. Le marché est tellement important que la plupart des dirigeants politiques ferment les yeux sur ses conséquences.
Pour des raisons techniques, seuls quelques prises de vue aériennes ont été effectuées dans l’archipel indonésien. Edouard Bergeron a dû compter sur les infrastructures et les équipes techniques thaïlandaises pour la mise en scène de son film, des repérages ont été faits en amont, pour que les décors soient le plus réaliste possible. D’autres plans de La Promesse verte ont été tournés à Paris, notamment pour le volet institutionnel, mais également aux Sables d’Olonne (Pays de la Loire), d’où est originaire la famille Landreau.
Si le film reste une fiction, le cinéaste voulait recréer les conditions de détention en Indonésie de manière réaliste. Pour ce faire, l’auteur s’est documenté sur les cas de Français emprisonnés ou condamnés à mort dans ce pays, comme Mickael Blanc ou Serge Atlaoui. L’équipe du tournage a filmé de vraies cellules et parloirs oppressants ainsi qu’un tribunal existant, où il faisait plus de quarante degrés.
Au casting nous trouvons l’étonnante Alexandra Lamy (La chambre des Secrets, Retour chez ma Mère, Nos Patriotes) qui met de côté, depuis quelques temps, son côté comique pour tenir des rôles plus sérieux. La célèbre actrice française apporte un souffle, une intensité et une crédibilité incroyable au personnage de Carole, la mère de Martin qui se bat pour sauver son fils. Dans les rôles secondaires, nous trouvons Sofian Khammes dans le rôle de l’attaché de l’ambassade de France en Indonésie qui va soutenir Carole dans ses démarches, Julie Chen dans celui de l’activiste Nila, Stéphane Pézerat dans celui du lobbyiste décomplexé, Fatou N’Diaye dans celui d’une députée écolo, ou encore le Canadien Antoine Bertrand dans celui du responsable humanitaire.
Réaliste et instructive, cette œuvre permet de mieux comprendre l’incohérence de ce qui a autrefois été présenté comme un « miracle écologique ». Nul doute que cette production, hors normes, fera parler d’elle lors de sa sortie officielle en salles.
La Promesse verte
FRA – BEL – 2024
Durée: 2h04 min
Drame
Réalisateur: Edouard Bergeon
Avec: Alexandra Lami, Félix Moati, Sofian Khammes, Julien Chen, David Chin, Antoine Bertrand, Philippe Toreton
Filmcoopi
27.03.2024 au cinéma