Entrepris en 2009 suite à la rencontre entre le réalisateur Grec Yorgos Lanthimos et le romancier anglophone Alasdair Gray afin d’adapter son livre au titre homonyme, « Pauvres créatures » surprend, amuse, fascine et reste efficace jusqu’à la toute dernière minute.
Le Docteur Godwin Baxter, surnommé affectueusement God par sa protégée Bella, est un scientifique brillant et reconnu dans le milieu de la… reconstitution corporelle. Professeur également, il ne manque jamais d’apprendre à ses élèves, des leçons parfois abjects, néanmoins de qualité. Un apprentissage un peu plus assoupli pour sa jeune protégée susnommée. Mais contre toute attente, qu’il s’agisse de Baxter ou de son assistant Max McCandles, sa soif d’assimiler et de liberté va s’étendre rapidement et dépasser l’espérance de son créateur. Car la jeune femme a en fait, été ramenée à la vie par Baxter lors d’une expérience antérieure. Courtisée par l’avocat Duncan Wedderburn, Bella se sent décidée à découvrir le monde avec lui et ce, malgré les défauts perçu en cet homme. Toujours sincère, trop parfois en blessant facilement son-sa prochain-e violemment, son empathie et son égalitarisme lui permettront de voir, toucher et sentir bien au-delà de ses espérances. Au final, qui est véritablement la pauvre créature ?
Peintre, dramaturge ou encore romancier, l’Écossais Aladair Gray écrivit en 1992 « Poor Things », soit « Pauvres créatures » en français. Vif, drôle, sale, son récit victorien se savoure tout autant que le chef d’œuvre cinématographique.
Fort du succès de son ouvrage littéraire, il refusa à maintes reprises différentes propositions de projets cinématographiques. Jusqu’à celle de Yorgos Lanthimos (« La Favorite ») qui au grand plaisir de l’écrivain, respecta de nombreux éléments du roman. Au final, celle-ci fut acceptée même si, l’auteur ne sut jamais comment son livre fut adapté car il décéda en 2019.
« Pauvres créatures » s’avère être une véritable pépite cinématographique. Cette comédie noire à la fois futuriste et nostalgique, emmène les spectateurs-trices au sein d’univers particuliers et colorés, ce dès le début des (més) aventures de « Bella ».
Outre les hommages et allusions à de nombreux chefs-d’œuvre de films de montres des années 30 jusqu’aux géniales productions du regretté studio « Hammer », les créatures de la réalisation dudit cinéaste de demeurent pas forcément celles envisagées au prime abord par le public.
En effet, « Pauvres créatures » démontre à de nombreuses reprises que chacune et chacun, peut facilement se comporter et devenir un monstre. Qu’il s’agisse de « Bella » ou de « Baxter », de par sa démarche robotisée pour elle et son horrible visage le concernant, mais aussi au travers de la manière dont les gens les traitent les voient.
Par rapport à ces 2 personnages, « Bella » qui est donc jouée par l’incroyable, intense et formidable Emma Stone (« Les Croods 2 ») et le « Dr. Baxter » incarné par l’efficace et réfléchi Willem Dafoe (« The Northman »), rendent l’histoire de ces pauvres créatures encore plus humaine, sensible et… horrible en même temps.
Avec eux, l’excellent et surprenant Mark Ruffalo (« Dark Waters ») qui interprète l’avide avocat. Loin de son personnage inoubliable d’ « Hulk » depuis plus de 10 ans chez « Marvel », l’acteur opta pour un rôle à contre-emploi fonctionnant à la perfection.
A tel point qu’il serait formidable que le duo « Stone-Ruffalo » se reforme au sein d’un long-métrage tout autant décalé. Outre ce trio, la comédienne Kathryn Hunter (« Harry Potter et l’Ordre du Phénix ») se remarque par le biais de ses tenues, dialogues et sa manière d’échanger avec « Bella ».
Il reste toutefois dommage que les scènes en noir et blanc ne demeurent pas suffisamment présentes. Car cet aspect ajoute un charme et mystères parfaitement adaptés à la fiction, mais manquants de profondeur à cause de leur absence.
Si « Pauvres créatures » surprend, ose certains degrés d’humour, de violence et de sexe à leur juste valeur, il ne s’adresse toutefois, nullement aux enfants et aux personnes sensibles à ce type de scènes.
Néanmoins, ce chef d’œuvre cinématographique décalé devrait plaire à un large public grâce notamment, à son authenticité, son féminisme justement dosé, ses incroyables décors et costumes, ses thématiques ou encore, son humour sarcastique.
Pauvres créatures
IRL – ROY – USA – 2023
Durée: 2h26 min
Comédie, Drame, Romantique, Fantastique
Réalisateur: Yorgos Lanthimos
Avec: Emma Stone, Mark Ruffalo, William Dafoe, Ramy Youssef, Kathryn Hunter, Attila Dobai, Jack Barton, Emma Hindle
Walt Disney Switzerland
17.01.2024 au cinéma